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 le lys de verre drame histoire

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Duncan Mac Donad
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le lys de verre drame histoire Vide
MessageSujet: le lys de verre drame histoire   le lys de verre drame histoire Icon_minitimeMar 17 Nov - 15:02

Ce matin, quelqu’un est mort mais personne ne pleurs. Chacun centré sur son petit monde où les soucis poussent telle une mauvaise herbe que l’on n’arrive pas à arracher. Le monde continue sa marche indifféremment. : il neige, vente mais pas de pluie comme si le ciel lui-même n’avait plus de larmes à offrir.
Ce matin, quelqu’un est mort mais personne ne s’arrête pour lui accorder de l’attention. On continue son bavardage avec la concierge et le voisin de palier.
‘ vous avez vu le match à la télé ?
Il est beau ce chanteur….
Je ne savais pas que c’était une droguée »
Des paroles en continues dont on peut remarquer le vide. Des paroles qui n’ont qu’un seul rôle : remplir le vide de leurs vies. Ils se fichent pas mal d’avoir l’ai con parce qu’ils sont des cons parmi les cons alors autant ne pas briser la norme établie. Ce qu’ils veulent : fuir la solitude, ne pas se retrouver enfermer dans une petite boîte. 
Ce matin, quelqu’un est mort mais ce n’est rien. La mort ç’est comme le papier peint sur le mur de leur chambre, comme les arbres, les fleurs, ça fait partie du paysage… Il n’y a qu’à regarder la télévision pour ne plus en douter. On nous gave de morts plus affreuses les unes que les autres, des larmes des familles des victimes de l’autre côté de l’Océan. 
‘ Ce n’est pas chez moi que ca se passe
C’est horrible dit madame*** en s’enfilant des gâteaux secs » 
Ce matin, quelqu’un est mort mais il a été si vite enterré sous nos obligations : aller au travail, faire le ménage, donner à manger à *** qui pleure, prendre la voiture, le bus….. 
« Quelqu’un est mort est alors moi tu vois je bossais comme un forcené pour te payer tes études et ***, faisais quoi ? Il glandait alors que je lui paye ces satanées études »
Ce matin, quelqu’un est mort et alors ? mais pensent ils à la personne qui l’a trouvé ce mort ? Pensent ils à ce visage glacé qu’elle aura gravé dans sa mémoire ? Pensent ils que ça peut la rendre dingue ? 
Même pas.... 
« je suis plus malheureux qu’elle » dira-t-on
Ce matin ….
Ce quelqu’un …..
Cette personne décédée qui papillonnait de droite à gauche pour préparer le dîner, qui pense toujours aux autres avant de penser à elle-même.
Cette jolie personne au teint de porcelaine, à la poitrine chaude sur laquelle on aime se rendre lorsque l’on a un soucis, aux lèvres roses étirées en un doux sourire pour dissimuler qu’elle-même ne va pas bien, aux cheveux longs et soyeux dont on espère hérité leur beauté.
Ce quelqu’un c’était maman
Et cette personne qui l’a trouvé n’était pas moi mais mon petit frère. 
Lui aussi il est descendu mais on n’a pas pu le remonter car quand on s’en est aperçu, lorsque l’on a voulu tendre enfin sa main vers lui c’était déjà trop tard
Le lys de verre, comme l’appelait maman, s’est brisé.
La roue tourne toujours dans le même sens quoique l’on tente, on ne pourra la faire changer de sens.
Aujourd’hui quelqu’un n’est plus…. Je vais vous raconter son histoire…
Maman avait toujours été la charpente qui soutenait toute la famille par ses paroles et gestes. Elle savait garder patiente, raisonner les éclats de colères entre mon père et mon frère. Je me souviens de ne jamais l’avoir entendu se plaindre de quoique soit, l’avoir vu sombrer dans le désespoir. Si elle avait des inquiétudes, elle les gardait pour elle afin de ne pas voir s’écrouler toute la maison. Elle semblait si forte, pleine de vie… si nous avions levé la tête, au lieu de ne regarder que notre petit monde de travailleur, de collégien et de lycéennes, on se serait sans doute aperçu que le bois, bien ue semblant en bon état, était vermoulu. Maman nous l’avait bien caché sous une tonne de fond de teint qui donnait à ses joues une jolie couleur de pêche, sous un anticerne acheté en pharmacie. Elle luttait seule, comme elle l’avait toujours fait. Malgré les médicaments et les consultations prit en cachette, la maladie continuait à la ronger de l’intérieur comme les termites affamées que l’on voit dans les dessins animés.
Puis un soir d’automne, alors qu’elle cherchait quoi faire pour le dîner, la charpente s’écroula sur le carrelage de la cuisine, dans son beau tablier blanc. Est-elle morte d’un coup ? Combien de temps, est elle restée angoissée, seule sans personne pour l’accompagner ? qu’a-t-elle pensée en se sentant expirer ? 
J’imagine le carillon sonnait les dix-huit heures pour annoncer le retour de mon frère. Il s’attendait au chaleureux accueil de maman. 
- Maman, je suis rentré ! On mange quoi ce soir ?
Pas de réponse, il dut hausser les épaules. Pourquoi devrait-il s’inquiéter ? Maman devait être dans la cuisine trop occupée pour lui répondre. Il dut s’y rendre puis la découvrir. Une poupée désarticulée, aux cheveux épars…
- Maman ! Maman !
S’est il approché d’elle ? L’a-t-il secouée pour tenter de la réveiller ? il du attraper le téléphone appelait les urgences puis papa puis moi. Lorsque papa et moi fûmes à la maison un médecin et des infirmiers étaient là tout autour d’elle. Il constatait l’heure du décès, il n’y avait plus rien à faire. Mon père s’est effondré. Moi, je pleurais silencieusement. Et mon frère ? Rien : pas de pleurs, pas de réconfort, le vide total. Dans notre malheur égoïste, nous admirions ce que nous prenions pour du courage et en même temps, nous l’accusions en nous même d’indifférence, de ne pas être sensible. Il n’y avait pas de quoi s’étonner. Maman avait été la seule à comprendre mon frère, à savoir ce qu’il cachait sous ses airs d’indifférence. Maintenant, maman n’était plus là pour nous dire combien le choc de la découvrir morte l’empêchait de manifester sa douleur, pour nous dire de le prendre dans nos bras. Maman n’était plus pour le décoder pour nous ce fut sans doute pour cette raison que le fossé préexistant entre nous devint un ravin. Au fond, mon frère ressemblait plus à maman que nous ne voulions le croire. Papa remercia les urgentistes et nous ordonna d’aller dans notre chambre. Ce fut sans doute une erreur car dans nos chambres, mon frère était livré d’autant plus au froid. Moi, j’avais des amies à appeler. Ce n’est pas que mon frère n’en avait pas… Il en avait mais il ne lui vint à l’idée de les appeler. C’était son traumatisme et pas le leur. J’ai fini par m’endormir en rêvant de corbeau, de désert de sable noir et de maman perdu là-bas. Papa a passé sa soirée à boire, je le retrouvais sur le canapé du salon subissant les conséquences de son alcoolisme de la vieille. Mon frère lui ne descendit pas de la journée. Pourtant, je suis allée le voir. Il était assis à son bureau à faire ses devoirs de mathématiques. 
- Comment tu fais ? Comment tu fais pour être aussi froid ? Tu t’en fiches que maman soit morte ? lui ai-je demandé
Il ne m’a pas répondu. J’ai claqué la porte sans voir que le compas qu’il tenait en main s’enfonçait dans la chair de sa main.
Mon parapluie pleurait lentement. Ses larmes se mêlaient aux miennes et à ceux de papa pour aller se perdre dans la terre noirâtre. On entend le bruit sinistre de la pelle qui déversait sa tristesse poussiéreuse sur la boîte qui renfermait maman. Puis la terre finit par l’engloutir, la faisant disparaître loin de notre regard. Mon frère déposa alors les fleurs qu’il avait apporté sans dire un mot. Et dire que c’est lui qui l’avait organisé, l’enterrement de maman. Il avait pris sa relève, à partir de l’instant où il prit les choses en main : régler les factures de l’hôpital, commander à dîner, faire le ménage, payer et organiser l’enterrement, le lycée, le collège et l’ivresse de mon père, il était clair qu’il avait remplacé maman. Il était devenu notre charpente à tous les deux. En ce qui concerne mon père et moi, comme nous l’étions avec maman, nous reprîmes inconsciemment notre rôle de vermine. Mais nous n’en étions pas encore là. Pour l’instant, nous regardions mon frère planter en terre les lys fraîchement acheté, sa fleur préférée. Puis nous regagnâmes la voiture en silence, je voyais le visage papa dans le rétroviseur. Je voyais la nouvelle teinte grise de ses yeux, l’auréole noire qui entourait ses yeux, ses joues pâles étirées, comme celle d’un cadavre. Je vis sa
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MessageSujet: Re: le lys de verre drame histoire   le lys de verre drame histoire Icon_minitimeMar 17 Nov - 15:03

ain plonger dans la poche de son manteau et la main gantée de mon frère l’arrêtait.
- Tu conduis papa dit-il seulement
Ne comprenait il pas pourquoi Papa voulait boire ? Ne voyait-il qu’un stupide règlement à respecter.
Arrêtes de jouer au flic eu je envie de lui dire. Je me retins à grand peine retenue par les yeux gris de papa. 
La voiture ronfla. Silence. Feu rouge. Tout droit. A gauche. Arrêt au stop.
- Papa, je pense qu’il est préférable que nous reprenions l’école dès après-demain dit-il soudainement
- Oui bien sûr mais si vous ….
- On ne peut pas se permettre de prendre du retard.
L’école… il ne pense qu’à ça. Il ne pensait même pas à papa. Croyait il vraiment que papa allait se remettre directement au travail ? Croyait-il que papa serait mieux seul à la maison en observant le fantôme de maman qui errerait dans chaque pièce.
- Je pense… commençai-je
- Que j’ai raison, je sais compléta-t-il
- Ce n’est pas… 
- Ecoute, on en parlera plus tard, pour l’instant, il va falloir s’occuper des invités.
Nous étions effectivement arrivés à la maison. Déjà, une foule de vautours se pressaient pour nous serrer la main
« Toutes nos condoléances »
« Si vous avez besoin »
« Courage, *** »
Je les détestais, comme si ils pouvaient savoir dans quel état, nous étions. Pendant tout le temps qu’ils furent là, j’observais ces piques assiettes faire des remarques sur maman et papa. Je me rendis soudainement compte que mon frère ne portait qu’un seul gant. Pourquoi un seul gant ? il avait du retirer le deuxième. Quoique…. J’aurais du m’arrêtait plus sur ce détail en réfléchissant avec ma tête et non avec ma rancœur. Je concluais que mon frère devait suivre un nouvel effet de mode, qu’il devrait se croire cool avec un seul gant.
Stupide frère….
Comme mon frère l’avait décidé, nous reprîmes les cours, laissant papa seul à la maison. Lorsque j’arrivai au lycée en tenue noire, des milliers d’yeux me dévisageaint.
« Pauvre *** »
« Perdre sa mère »
« Il parait que son père boit »
Je les détestais, toutes ces personnes qui me plaignaient tout en colportant des ragots sur notre famille. 
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres » pensai-je
En cours, j’avais l’esprit ailleurs. On me laissait dans mon coin, aucune remarque des professeurs. A croire qu’il est tabou de se faire respecter par les personnes en deuil. L’après-midi passa rapidement. Je rentrai le soir. Dans l’entrée, le cartable de mon frère gisait près de ses chaussures. Je l’entendais marmonner dans sa barbe. Je le rejoignis au salon. 
- Tu veux manger quoi ce soir ?
- Ce que tu veux répondit je
Il partit dans la cuisine. L’entendre s’affairer ainsi : les bruits de casseroles, la porte du frigo, du placard… On aurait pu croire que maman était revenue. Je montai dans ma chambre pour faire mine de faire mes devoirs. Je ne redescendis que pour manger. Papa était là s’efforçant de sourire.
-alors votre journée à l’école ? demanda-t-il
- les profs ont été sympas dis je
- rien a signalé répondit mon frère.
Ce que mon frère ne nous raconta pas mais que nous finîmes par découvrir c’est que certains de « ses amis » lui proposèrent des petites pilules « bonheur » en contre partie d’argent bien entendu. Il accepta. Il les avait caché avant notre retour dans une boite vide d’aspirine aussi lorsqu’il prit ce qui ressemblait effectivement à un cachet d’aspire devant nous, nous ne fîmes pas attention. Le repas se termina en silence. Nous ne parlâmes pas de maman. Je n’avais pas encore la force de parler d’elle au passé. Cela aurait fait du bien à papa que l’un de nous le fasse mais nous étions aveuglés par nos propres soucis. Dans les semaines qui suivirent, à la maison, mon frère assuma le rôle de chef de famille traitant papa comme si il eût été mon frère. Mon frère le trait comme quelqu’un retombait à l’âge de l’adolescence. Au début, je fus tenter de me révolter et puis…puis je constatais que papa semblait plus heureux de cette situation. Il avait arrêté de boire. Tout semblait aller pour le mieux. Tout le monde riait. Mon frère semblait redevenu normal. Il n’y avait rien à signaler sauf ce mal de crâne qu’il soignait en prenant un cachet dans sa boite d’aspirine. Je lui confiais mes soucis. Papa lui confiais les siens. 
Un soir alors que je rentrai du lycée, je cru voir une lueur étrange dansait dans les yeux de mon frère. Une tristesse, une douleur qui ne semblait pas vouloir s’en aller. Il tremblait comme si il avait la fièvre. Elle disparu derrière un voile faussement joyeux à mon arrivée dans la pièce.
- Ca va lui demandai-je
- Oui ça va. Juste ma migraine. Je file à la pharmacie. Peux-tu préparer quelque chose pour ce soir, je reviens toute suite.
- Okay.
J’ai du rêvé pensai-je
Me frappant la tête d’une main, je me souvins que la pharmacie était fermée à cette heure.
« Il ira sans doute à la pharmacie de garde »
Mon frère ne rentra pas. Il m’envoya un sms pour me prévenir qu’il passait la soirée chez un ami. L’ami en question était connu de tous. L’ami en question était un marchand de bonheur, comme on appelle par chez nous les vendeurs de poudre blanche. 
Ce soir là, le lys de verre commença à se fêler…
Mon frère se mit à rentrer de plus en plus tard. Trois heures du matin, cinq du matin…. La porte s’ouvrait puis se refermait signalant son retour. J’entendais les marches grinçaient comme sous le poids d’une lassitude inconnue. 
- Où étais-tu ? lui demandai-je au début
- Chez un ami me répondait-il inlassablement va te coucher il tard et je suis fatigué…
Puis vers la fin, il ne se donnait même plus la peine de me répondre. De toute manière, je ne me levais plus lorsqu’il rentrait. Je me souvins à voir penser non pas une fois mais des milliers de fois
Que fait-il ? Qui est cet ami ?
Je ne me suis jamais donné la peine d’en chercher la réponse. J’avais ma vie à vivre. D’ailleurs, maintenant, j’avais un petit ami : Seb, un grand benêt d’un mètre quatre vingt. Lorsqu’il vint pour la première fois à la maison, papa lui fit un accueil chalereux. Mon frère serra les dents méfiant puis au fur et à mesure, voyant en Seb un brave garçon, il se détentit . Je ne dirais pas qu’une amitié ou un amour fraternel se tissa entre eux mais une compréhension mêlée de compassion. Seb avait pris le rôle de mon frère auprès de moi. Il était mon pilier. Un poids s’ôta des épaules de mon frère. Il lui restait papa, il savait que si papa découvrait son nouveau remède miracle, papa s’effondrerait et cette fois-ci pour de bon. Avec l’arrivée de Seb, on put de nouveau parler de maman.
- Tu te souviens de l’odeur de ses tartes ?
- Elle était comment demandait Seb
- C’était une femme merveilleuse lui répondait mon père ému
Tout semblait allait pour le mieux. Cependant, les maux de tête de mon frère semblèrent s’aggraver. Seb lui suggéra de consulter un médecin. Mon frère lui répondit :
- Ca va … Ca va…
Mais ça n’allait pas. Seb le voyait bien étant lui-même fils de médecin, il était habitué a voir les gens malades. Il reconnaissait sans peine les symptômes.
- Tu te fais des idées lui répondis je comme il me parlait de mon frère sur le chemin du retour à la maison
- Ecoute tu as vu sa tête insista-t-il
- Il est un peu pâle c’est vrai mais pas de quoi en faire un plat. C’est les examens.
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MessageSujet: Re: le lys de verre drame histoire   le lys de verre drame histoire Icon_minitimeMar 17 Nov - 15:03

Seb serra les lèvres retenant sans doute ce qu’il pensait de moi à cet instant.
- C’est un roc mon frère rajoutai-je.
Seb ne comprenait pas le mode de fonctionnement de notre esprit. Cependant, peut être comprit il, lors de cette conversation, que je ferais la même chose avec lui qu’avec mon frère. Le seul signe de cette pensée fut un frisson qu’il lui parcourut la nuque.
- Tu as froid lui demandai je bêtement ne sachant rien de ses pensées
- Un peu me dit il
je regrette qu’il ne m’ai rien dit. Au fond, il ressemblait lui aussi à mon frère et à ma mère, ils s’enfermaient tous dans leur pensée où personne ne pouvait entrer même pas les personnes proches d’eux.
Je n’ai pas compris. Pourquoi ces cris ? Pourquoi cette bagarre ? Et surtout pourquoi cria-t-il
- Famille de dégantés !
Seb partit en criant cette insulte, essuyant sa bouche qui saignait. Je me tournais vers mon frère. Il était furieux, en proie à une colère où l’on pouvait lire une envie terrible de tuer quelqu’un. Il serrait ses poings. Il retourna à l’intérieur, essuya sa main ensanglantée.
- Pourquoi ?! lui demandai-je
Il se contenta de soupirer :
- C’est un abruti.
La colère monta en moi :
- Qu’est ce que tu as fait ?! pourquoi ?! c’est à cause moi ! dis-moi ! 
- Tu n’as qu’a lui demander ! me hurla-t-il au visage en filant dans la cuisine pour revenir l’instant d’après en ne cessant de répéter :
- Vide… Il est vide…J’en ai plus… je dois… Il m’en faut…
Le lys se fissurait un peu plus, déjà un pétale était tombé.
- Est-ce que…. ? 
- Non ça va pas ! me jeta-t-il avant de se mettre à farfouiller un peu partout, soulevant les objets, mettant sans dessus dessous les draps.
- Le voilà s’exclama-t-il soulagé en brandissant son portefeuille puis il partit avant que je ne puisse réfléchir à tous ces évènements.
Seb, je dois l’appeler pensai-je
Une sonnerie, deux, trois…
« salut, vous êtes bien sur le portable de Seb, je ne puis vous répondre pour le moment alors laissez moi un message après le bip sonore…..Tiiiiiiiiiiiiiit »
- Seb, c’est moi, il faut que je te parle de ce qui vient de se passer. Je ne comprends alors si tu pouvais me rappeler récitait je rapidement
Et je raccrochais. Il ne me restait plus qu’à attendre. Finalement, le téléphone sonna au bout d’une heure.
- Seb c’est toi ?
- Non c’est moi ton frère adoré… Je…Je m’excuse pour tout à l’heure… Je suis au supermarché… Je fais les courses pour ce soir. J’espère que tu as faim me dit il
Je l’imaginais souriant en tenant dans ses mains le menu spécial du « pardon ». Avec un effort sur moi-même, je lui répondis :
- Oui j’ai très faim. Je t’attends avec impatience.
- Je ne vais pas tarder
Je raccrochais. Je téléphonais à Seb, seul le répondeur une fois de plus daigna me répondre. Je savais déjà les trois mots que Seb me dirait demain au lycée. Sans le vouloir, les larmes coulèrent silencieusement. Papa était rentré. Il ne devait pas m’entendre pleurer. Surtout pas. J’attendais avec impatience que mon frère rentre pour lui confier mon angoisse…
Je remontais les escaliers avec une impression de perdition totale. Je n’avais pas pu me confier à mon frère .Papa m’avait devancé. 
- C’est la crise, il y a des suppressions de postes lui confiait mon père
- Pourquoi t’inquiéter, papa, tu m’as dit que le patron avait fait des éloges de ton travail…
- Oui mais c’était avant que ta mère….
Je n’écoutais pas la suite. Son travail, son travail, pensai-je, comme si c’était important… alors que moi… Et toi , mon frère, tu as bien vu que je voulais te parler. Mais non ! Tu fais passer papa en premier et moi ?! Et moi, je vais me ronger le cœur en hypothèse sur le silence de Seb. Je fermais violemment la porte derrière moi et me jetait sur le lit. Le visage plongé dans les couvertures, je rêvais de tout oublier. Mon portable vibra. Seb ! ma main se tendit en tremblant. 
« appel en cours … Seb »
Mon cœur battit la chamade. Je n’osais pas décrocher de peur d’entendre. Pourtant, il le fallait. Désespérément, je songeais à mon frère me demandant ce que lui me conseillerait de faire, de dire mais rien ne vint. L’angoisse effaçait tout. Au bout d’un moment, le portable cessa de vibrer. 
« Un appel manqué Seb »
« Un message »
Je fis le numéro de mon répondeur. Une sonnerie, deux,
« vous avez un nouveau message, reçu aujourd’hui à vingt et une heure vingt. Nouveau message : oui c’est moi… J’ai vu que tu m’avais appelée… On doit parler tous les deux…. Demain… Je suis fatigué… ce soir alors demain au lycée, salut »
Une voix de quelqu’un qui cherchait ses mots, pour qui il était difficile de parler et qui pourtant en ayant ce ton annoncer clairement ce qu’il ferait demain. Je ne le rappelais pas. Ca ne servirait à rien. Peut-être que demain… songeai-je avec espoir.
On frappa à la porte.
- Oui répondis je
Mon frère entra finalement traînant les épaules, s’asseyant sur le lit lourdement. Il attendait comme un prête attend qu’un condamné à souffrir confesse son inquiétude et ses pêchés. 
- Il va me quitter dis je seulement
- Tu en es sûr ?
- Oui ça se sent dans sa voix… Je crois que ça avoir avec votre dispute….
- Tu sais… si il te laisse c’est qu’il n’a pas compris ta valeur.
Aujourd’hui, je me demande de quelle valeur, il voulait parler. Je n’ai pas le sentiment d’être précieuse. En repensant à ces mots « ta valeur », je pense que si l’on doit attribuer de la valeur à quelqu’un alors ça doit être pour mon frère. Je n’avais pas de valeur à l’époque, j’étais une gamine incapable de déchiffrer l’esprit des autres. 
- Je sais que tu souffres, j’ai souffert aussi quand elle m’a quittée et puis c’est passé…
- Tu penses que tu…
- Oui je pense…
- Alors moi aussi je pourrais aimer de nouveau ?
- Oui. Et ce sera un type bien meilleur que l’autre.
Il me prit dans ses bras, comme maman le faisait. 
- bonne nuit me dit-il
Bonne nuit répondis-je sachant pertinemment qu’elle ne serait pas bonne. Je repensais à Seb, à ses propos … Pourquoi accusé notre famille de déjanté ? Et mon frère était il lui aussi déjanté ?
Non impossible, c’est un roc ... 
Tandis que je dormais, mon frère se tracassait seul (mon père s’étant confié, il n’y pensait plus du tout) pour l’avenir. Que se passerait il si papa perdait son travail ? si papa perdait son travail alors il ne pourrait plus acheter ses pilules bonheur et il en crèverait. deux autres fissures apparurent provocant la chute de deux autres pétales…
Comme je l’avais craint, Seb me plaqua :
- Vous êtes zarb dans votre famille. Et ton frère est un abruti de….
- Ne dis pas de mal de mon frère !
- Ah maintenant, tu t’en préoccupes ?!il serait temps…
- Je ne vois pas de quoi, tu parles
- Evidemment vu que tout tourne autour de toi… Tu voulais peut être que je devienne comme ton frère pour toi, hein ? malheureusement pour toi, je n’ai pas envie de finir comme lui….
Si seulement, il s’était tu. Si seulement, il n’avait pas cru bon d’ajouter :
- Ou de finir lamentablement comme ta mère….
A cet instant, tout s’était effacé. Le lycée, la cour, les amis, les profs, tout disparu. Je me jetais sur Seb pour le frapper encore et encore. Je frappais avec mes mains, avec mes pieds et les insultes pleuvaient de ma bouche. Je crois que je me vengeais sur Seb de mon égoïsme, de toutes les frustrations, de toute cette incompréhension qui existait entre moi et mon frère.
- Je t’interdis ! je t’interdis de parler comme ça de ma mère !
J’ignore encore qui m’arrêta. Je sentis de bras m’attraper par la taille et une voix qui disait :
- Oh ce n’est pas fini !calme toi ! 
Je fus traîné dans le bureau du directeur.
- Je vais devoir appeler votre père… me dit il après m’avoir sermonné.
Je me sentis entre l’anxiété et l’envie de rire nerveusement. Je dus faire un effort sur moi pour parler calmement :
- S’il vous plaît, n’appelez pas mon père… Il a déjà suffisamment de soucis.
Le directeur me regarda avec compassion. Il savait que maman était morte. Il supposait que notre famille traversait une crise. Je ne sus jamais ce qu’il allait dire car je repris :
- Ce n’est pas mon père qu’il faut appeler. C’est mon frère….
Cette fois-ci la stupéfaction se lut clairement sur son visage.
- Votre frère ? mais il est plus jeune que vous …
Je ne répondis rien.
- Il est au collège, il me semble. Il doit être en cours.
Que pouvais-je lui répondre ? oui il est au collège mais c’est lui qui gère tout depuis la mort de maman et il s’en sort très bien. Au bout de quelques instants, le directeur décida finalement de me renvoyer chez.
- Je vous expulse pour trois jours….
- Merci monsieur lui dis je
- Je crois que le directeur comprit comment fonctionner notre famille. Il ne fit aucun commentaire. Si j’avais pu deviner qu’il irait interroger Seb, je lui aurais volontiers dépeint notre famille qui se remettait du choc provoqué par la fin de la charpente.
Nous eûmes le droit à la visite surprise du directeur de mon lycée. Sans prévenir, il débarqua au moment où nous passions à table. Mon frère alla ouvrir.
- Bonsoir, jeune homme, votre père est il là ?
- Oui monsieur… entrez !
- Merci bien jeune homme.
Il entra examinant l’étrangère scène qui se déroulait sous ses yeux. Mon frère l’invita à s’assoir invitant du regard mon père à saluer le gêneur.
- Bonsoir dit mon père en cachant au mieux sa mine renfrognée de petit garçon qui n’aime pas être dérangé.
- Bonsoir monsieur…
- Voulez vous partager notre repas ? demanda mon frère.
- Puisque vous me le proposer répondit le directeur.
Un sentiment de gêne plana tout au long du dîner. Mon frère fit de son mieux pour le dissiper essayant de relancer la conversation lorsqu’elle tombait à plat, faisant rire le directeur. Il était un parfait maître de maison. Nous attendions de passer à l’échafaud. Le temps semblait ralentir pour mieux attiser notre angoisse. Allait il parlait de ma bagarre avec Seb ? Sûrement. Le dîner prit fin. Mon frère alla préparait le café pour les deux hommes. Je voulus partir.
-un instant jeune fille j’ai a parlé à votre père , votre frère et j’aimerais que vous restiez…
Le ton qu’il prit m’indiqua clairement son intention. Il voulait jeter un pavé dans la marre pour faire réagir mon père. Seulement, il s’avérerait que son pavé serait une chute de pierre perturbant à jamais le fleuve de notre vie. Le café fut servi. Le directeur attaqua en douceur demandant à papa comment cela se passait à son travail, si tout allait bien dans notre famille.
- Bien sûr que tout va bien bougonna mon père.
- Vous en êtes sûr ? demanda le directeur
- Oui tout fonctionne à merveille répliqua mon père.
Alors il parla de cette fameuse bagarre, de mon accès de violence qui prouvait combien j’étais perturbée et d’un témoignage alarmant. Bien qu’il ne mentionna pas le nom de Seb, je sus que c’était mon ex qui répandait ces horreurs.
- Et quel est ce témoignage alarmant ? lança mon père moqueusement
Le directeur chercha ses mots et décida finalement de s’adresser à mon frère.
- Il parait que c’est toi qui gère tout dans cette famille non ?
- J’aide mon père, monsieur car c’est lui qui nous fournit de quoi payer à manger répondit maladroitement mon frère
- Et ce n’est pas dur pour toi ?
- Non monsieur….
- J’ai entendu que tu…enfin…. Tu prenais des trucs pour…..
- Mon fils ne se drogue pas lança mon père furieux
- Je n’ai pas dit cela mais…. Dis-moi la mort de ta mère ça…..
- C’’est du passé monsieur, ça ne m’a rien fait répondit mon frère en crispant les poings
- Vous savez, nous dit il, je pense que votre famille a connu un choc…. Peut-être que si vous consultiez quelqu’un…
- Monsieur, je vous remercie de votre inquiétude mais tout va bien affirma mon père.
Le directeur partit sans savoir, croyant que cette façon de fonctionner venait de ce choc… Il ne savait pas que nous avions toujours fonctionné ainsi. Après son départ, mon père se tourna vers nous :
- Mais qu’est ce qu’il croit … Débarquer ainsi chez les gens sans prévenir…. Bougonna mon père
- Tu sais papa, il se fait du souci pour commença mon père
- Tais toi ! il n’a aucune raison de se faire du souci ! ta sœur a juste eu un coup de colère ! Toi, tu ne te drogues pas ! tu as juste des maux de tête et d’ailleurs, tu devrais faire quelque chose pour les soigner avant qu’on répande d’autres rumeurs.
- Oui papa.
Ce qu’il y eut de tragique à cet instant ce fut notre aveuglement. On avait tendu une main à mon frère pour s’en sortir et nous nous l’étions éloignée . il nous envoya nous coucher. Mon frère s’en pris à Seb, tout comme moi. Heureusement, je ne verrais plus sa sale tronche de fils parfait. A part cet incident, il n’y eut rien à signaler. Sauf peut-être que les maux de têtes de mon frère empirèrent…. Le lys de maman continuait à éclater en morceaux….
Je rentrais du cinéma lorsque mon regard croisa celui de Seb. Il voulut m’éviter en s’enfonçant dans la foule. Je le rattrapais ayant encore en travers de la gorge la visite du directeur. Je m’agrippais à ce bras désirant le réduire en morceaux.
- Attends ! lui criais-je
- Lâches moi ! on n’est plus ensemble ! J’ ai rien à te dire ! répondit-il en essayant de libérer son bras de mon étreinte meurtrière.
- Ça t’amuse, hein ?! De répandre des horreurs sur ma famille ! qu’est-ce que tu lui as raconté ! Ne te mêle pas de notre vie ! assassin !
L’accusation le stoppa net. Il se retourna. Il éclata alors de ce rire qui me hantera tout le reste de ma vie.
- Moi un assassin ?! et toi alors ?! et ton père ?!
- Quoi moi ?! quoi mon père ?!
Il me dévisagea durement. J’eu l’impression pendant une fraction de seconde qu’il me prenait pour une attardée mentale, une chose monstrueuse et pathétique à la fois.
- C’est justement ça votre problème, à tous les deux ! ca ne m’étonnes pas qu’il soit dans cet état ! vous êtes insensible à ce qui se passe autour de vous ! une personne pourrait être à l’agonie, vous seriez incapable de lui venir en aide tant vous n’êtes préoccupés par la bonne marche de votre monde !
- Tu dis n’importe quoi !
La neige tombait à petits flocons puis grossissait. Il en recueilli dans sa main puis leva la tête vers le ciel. Je fus frappée par la soudaine tristesse de son visage.
- C’est à cause de ça qu’il en a besoin… 
Il regardait les flocons qui s’amassaient dans sa main. 
- Un conseil : lève la tête de ton monde et regarde vers celui de ton frère… je te dis ça mais tu n’en es peut-être pas capable…. Reprit-il
- Pour le frapper comme tu l’as frappé lui répondis-je
Il se tut un moment et répondit par une série de question :
- Sais-tu que ce n’est pas moi qui l’ai frappé en premier ? Sais-tu pourquoi il m’a frappé ?
- Tu l’as sans doute provoqué comme moi-même provoqué en nous accusant d’avoir tué maman. Lui répondis-je énervée
- Non ça n’est pas pour ça…
- Et pourquoi il t’a frappé ?
- Parce qu’il cherchait ses flocons et m’accusait de les avoir piqué voilà pourquoi.
Je n’avais jamais apprécié chez Seb qu’il fasse des métaphores car elles m’apparaissaient comme obscures même les plus courantes.
- Pourquoi tu me parles de flocons ? Parle clairement ! répliquai-je
- Si je te parle clairement, tu feras comme si j’avais dit un mensonge et tu ne t’y attarderas pas… me répondit il
Il me planta là avec cette stupide métaphore qui m’occupa une partie de la soirée : deux heures. Après avoir réfléchi pendant deux heures, je m’endormis non sans penser que Seb était un garçon complètement stupide qui adorait semer la zizanie là où elle n’avait pas raison d’être.
Des flocons… Pourquoi tant d’histoire pour de la neige ?
Cette nuit, je fis un rêve bien étrange à propos d’un serpent et d’un neige. Dans mon rêve, j’étais redevenue une petite fille et maman était encore vivante. Elle me racontait une histoire sous forme de conte. 
« il était une fois une petite ville située dans le nord. Un jeune homme cherchait le bonheur. Une fille passa. Il la refusa. On lui offrit du travail, il n’en voulut pas.
- Ce n’est pas ça le bonheur répondait il.
On lui offrit toutes sortes de choses fort utile : une maison, des jeux, une terre, des vêtements mais rien,rien ne lui plaisait.
- Ce n’est pas ça le bonheur répétait-il.
Il restait à soupirer devant la porte de ses parents qui ne savaient que faire. Ce fut, un jour d’hiver où il neigeait à gros flocon qu’un serpent de neige passa.
- Jeune homme, tu cherches le bonheur et suis prêt à l’offrir ce que tu désires seulement il te faudra m’offrir quelque chose d’équivalent, acceptes-tu ?
- Oui, je veux être heureux.
Le serpent de neige se dirigea vers lui puis déposa dans les mains du jeune homme, de la poudre blanche.
- De la neige ? tu te fiches de moi, serpent….
- Je n’oserais point. Goûtes y et tu auras le bonheur. Je repasserais dans quelques jours pour prendre mon du.
Le serpent fila. Le jeune homme suivit les instructions du serpent et commença à consommer de la neige. Il sentit couler en lui l’extase. Pendant des jours, il vécut dans ce faux bonheur plongeant sa tête dans le brouillard blanc. Puis à la fin , la poudre vint à manquer. Il chercha partout cette neige miraculeuse. Il vécut un enfer attendant le retour du serpent. Des frissons le parcourait, une fièvre dévorante lui dévorait la santé. 
Au bout de trois jours, le serpent revint.
- Alors jeune homme…..
- Mon bonheur, il n’a pas duré. Donne-moi mon bonheur, je veux….
- Suffit, je t’ai assez donné ! je viens chercher mon du !
- Et quel était-il ? tu ne me l’a jamais dit avant….
Avec un sourire mauvais, le serpent de neige s’avança vers sa victime :
- Ton du c’est ta vie s’exclama-t-il en s’enroulant autour du jeune.
Le jeune étouffa, sentit son corps agité de soubresauts, de la bave s’échappa de sa bouche et son cœurs dérailla. Le jeune homme décéda en silence, personne n’avait vu le serpent, personne ne s’était préoccupé de son état de santé.
Il faut toujours demander quel du réclame le serpent avant de lui acheter ses produits. D’ailleurs, il ne faut jamais lui acheter cette extase de quelques heures car le prix à payer est bien trop lourd. 
Sais-tu quel est l’autre nom du serpent des neiges ? »
je me réveillais en sursaut. 
A cause de Seb sûrement….
Je tremblais de froid et de fièvre. Je me relevais et me dirigeai vers la salle de bain. Je me passais de l’eau sur le visage. En relevant la tête du lavabo, ce ne fut pas mon visage que je vis dans le miroir mais un autre complètement défait par la mort…
Ce soir d’hiver le 23 décembre, deux jours avant noël, mon frère ne rentra pas. Je l’attendis en vain, prête enfin à lui ôter son masque de dur à cuir. Mon père rentra montrant peu d’inquiétude au sujet du manquant.
- Laisse-le, il a du aller chez des amis. Prépare le dîner plutôt. Me dit-il
- Tu ne crois pas que quelque chose ne va pas avec **** lui demandai-je
- Pourquoi ça n’irait pas ? Ton frère n’est pas en sucre, il ne lui est rien arrivé. Il doit sûrement être occupé à faire les courses…
- A cette heure ?
- Pas les courses pour le dîner mais les autres, celle de noël….
Je tentais de le joindre par téléphone. Pas de réponse. Mon père me pressa de mettre la table et de faire le dîner. Je n’avais jamais été un cordon bleu comme maman aussi me contentai-je de mettre une pizza à cuire.
Le premier noël sans maman… pensai-je lui aussi il a du y penser…
Mon frère n’étant pas là, il m’incomba le rôle de confidente auprès de mon père. Il me parla d’une femme, une certaine Claris.
- Très gentille avec moi. Intelligente et drôle me dit il d’elle. Elle a deux enfants. Son mari l’a quitté l’année dernière. 
Les yeux de mon père s’attardèrent un moment dans une sorte de fantasme dont j’étais exclue. Je n’écoutais pas papa. Je pensais à celui qui aurait être là. je priais pour qu’il revienne les bras chargés ou non de cadeau. Je désirais ardemment qu’il vienne et lui dire :
- Je sais que tu souffre. Dis-moi, tout…
Que m’aurait-il dit ?
« Non je vais bien »
« Enfin, enfin quelqu’un qui me voit et m’entends »
Mais il ne venait pas. Je ressenti cela comme une injustice. Mon père mangea sa part de pizza de cet air qui disait « mouais ça ne vaut pas celle de ton frère ». Devant cet air, je sentis la rage m’envahir, une folle envie de casser sa nouvelle expression de « papa content car il a rencontré quelqu’un ».
- Tu sais au boulot ça va pour moi mais pour Claris, j’entends des rumeurs que le patron veut la virer. 
Je cessais de penser à mon frère pour ne penser qu’à cette claris. J’en voulais à cette femme de s’immiscer dans la vie de papa et de vouloir remplacer maman. J’en voulais à papa qui, aveuglé par une femme, ne se rendait pas compte de ce qui arrivait sous son nez. 
- Je vais l’inviter à dîner. Ton frère et toi, vous n’aurez qu’à dîner dehors.
En prononçant cette phrase, j’eu cette impression que mon père était prêt à s’engager dans une liaison même éphémère pour ne pas sombrer dans le mode de vie « télé pantoufle pipe dodo devant la télévision »
La conversation s’arrêta nette. On sonnait à la porte.
- Ton frère a du oublier les clefs lâcha mon père pour la forme.
Je me levais et ouvrit la porte : deux uniformes bleus et un troisième homme me faisaient face.
L’homme sortit sa carte de flic. Il n’avait rien à faire, juste à le laisser entrer. Mon père l’invita à s’assoir. Les deux hommes, deux policiers, me suivirent dans la cuisine. Je fis le café sans me douter une seconde de l’horrible discussion qui se tenait dans le salon. Lorsque je revins, je vis le visage ravagé de mon père. Je laissais tomber les tasses au sol qui s’éparpillèrent en mille morceaux.
- Qui y a il papa ?! lui demandais je d’une voix plus banche que toutes celles que j’avais entendu auparavant.
Mon père se tourna vers moi. Il ne sembla pas me voir.
- Je prends mon manteau et je vous suis dit il
- Bien monsieur lui répondit l’inspecteur.
Je regardait l’inspecteur espérant que lui répondrait à ma question silencieuse. Pas de réponse. Rien même pas un « désolé » même pas un « ne vous inquiétez pas », ou encore un « ce n’est pas votre affaire ». Les deux policiers revinrent de la cuisine, l’un deux avait dans la main le flacon d’aspirine de mon frère. Il le tendit à son supérieur.
- Ya plus qu’à le faire analyser mais je sais déjà ce que sais dit l’inspecteur.
Les deux policières m’ignorèrent royalement. Mon père revint.
- Attends moi là me dit-il
Il n’ajouta rien de plus. Son chapeau cachait ses yeux aussi ne puis je lire ce qu’il me cachait. Ils partirent tous les quatre me laissant derrière comme si j’étais un être complètement stupide qui ne comprenait rien. 
Que faire ? Appeler ? Qui ? Seb ? Non on n’est plus ensemble … Mélanie, l’ex-petit amie de mon frère… Non c’est stupide... 
J’appelais le portable de mon frère.
« Salut vous êtes bien sur le portable de ****, je ne peux pas vous répondre pour le moment alors laissez moi un message »
Il a du l’éteindre.
J’attendis deux heures avant de refaire une nouvelle tentative.
« Salut vous êtes bien sur le portable de **** »
Une demi-heure après.
« Salut vous êtes bien sur le…… »
Un quart d’heure après.
« Salut vous êtes bien sur le…. »
Et papa qui ne rentre pas… appeler papa, je dois appeler papa pour….
« Bonjour, vous êtes sur la messagerie du ******, veuillez laisser un message après le bip. Biiiiiip ».
Nouvelle tentative auprès de papa.
« Bonjour, vous êtes sur la messagerie du****….. »
Pourquoi ? Pourquoi personne ne répond….. Aïe !
Le sang se mit à couler le long de mon doigt. Je m’étais coupée en essayant de ramasser les débris des tasses cassées.
« Salut vous êtes bien sur le portable de****….. »
Papa ! m’écriais-je en voyant mon père de retour
Je sentis la stupeur glisser en moi lorsque je vis combien papa semblait avoir vieilli cent ans. Il s’affaissa dans le fauteuil, comme un patin désarticulé, la tête dans les mains.
- Pourquoi ? se murmura-t-il Pourquoi je n’ai rien vu ?!
Les larmes coulèrent de ses yeux, sans plus pouvoir s’arrêter. Je compris sans qu’il eût besoin de me le dire, le sort de mon frère. La vie était si cruelle. Je ne puis vous dire quel fut exactement mes sentiments. Je me sentais comme une amnésique qui se souvenait de son frère au moment même où celui-ci s’était effacé lui-même de la vie.
- Papa… murmurai je
J’aurais voulu sentir sa chaleur, qu’il m’apporte du réconfort. Seulement comment pouvait-il m’apporter ce réconfort dont il se sentait déshabiter ? il évitait mon regard comme si ma vue lui était insupportable. Finalement, il se leva en me disant :
- J’étais à la morgue….
Puis il s’en alla fuyant les questions qu’il croyait que je lui poserais : pourquoi était-il mort ? Comment est-il mort ? A-t-il souffert ? …. Toutes ces questions, j’en connaissais déjà la réponse.
- Pourquoi ? me demandai-je à voix haute.
Je montai les escaliers, la tête et le cœur lourd. Arrivée sur le palier, j’ouvris la porte de sa chambre. L’odeur de son parfum me monta aux narines. Je ne pleurais pas. Je ne pouvais pas pleurer. Je m’asseyais sur son lit cherchant à ressentir la tendresse dont il pouvait ressentir à mon égard. Le froid seul remonta le long de mon échine. Je vis alors le tiroir de sa table de nuit à moitié ouvert : un livre reposait comme un dernier mot d’adieu. Je le pris. 
Je ne savais pas que tu tenais un journal intime ****
Je constatais alors que la première date inscrite était celle de la mort de maman.
« je n’ai rien pu faire. Elle est morte en m’adressant un seul regard. Elle me disait « désolée, occupe toi d’eux. Je me suis approché pour récolter entre mes bras son dernier soupir. J’appelais les urgences tout en sachant que c’était inutile. Papa et *** , qu’ont-ils pu penser de moi. Assassin ! je suis un assassin ! J’ai tué maman ! si je n’avais pas tardé à l’école, si je n’avais pas discuter avec**** alors peut-être maman serait envie. Ce qui me fait tenir c’est papa et***, je dois tenir pour eux, les aider à avancer.
Maman, pardonne-moi, je suis un incapable »
Tous ces mots de désespoir, de culpabilité, était-ce vraiment lui ? L’espace d’un instant le doute se glissa en moi. Et pourtant c’était bien son écriture qui me jetait à la figure combien je m’étais trompée sur le véritable sens de sa froideur.
Décidemment, tu ressembles tant à maman. Cacher votre souffrance pour vous consacrer à celle des autres. Si tu nous avais parlé….. Si tu m’avais dit…. Je revis en mémoire tout mon égoïste. Je n’avais pensé qu’à mon petit monde, comme Seb me l’avait dit. Le lys de verre était zébré de fines rayures, si je lui avais accordé un peu de mon temps alors peut-être, aurais-je pu le réparer.
J’ouvris de nouveau le journal en sentant ce que mon frère avait ressenti à l’égard de maman. Qui sais si papa ne le ressentait pas en ce moment même dans sa chambre…. Les mots me rentrèrent dedans comme des coups de poignards…..
 Mon cœur demande un peu de repos mais personne n’entends, personne ne voit. Je m’occupe des factures, du courrier de « mes sincères condoléances » de personnes que je ne croise que lors de la fête de noël. Papa semble vouloir se laisser emporter par l’alcool. Il est comme un navire qui s’éloigne de la rive inconsciemment. Aujourd’hui, on enterre maman. Ma seule consolation vient du temps : il pleut ainsi je n’ai pas besoin de pleurer. Je dois me montrer, quitte à passer pour un insensible.
Maman, depuis que tu es partie, personne ne me comprends. Je tiens ma promesse. Je ne m’écroule pas même si ta mort m’a brisée. J’observe papa en regagnant la voiture qui sort une flasque de son manteau noir.
- Tu conduis papa lui dis-je
Un œil suffit pour que je voie dans les yeux de ma sœur combien elle me condamne. Elle croit que je ne comprends papa. 
Je ne veux pas le voir ainsi. Je ne supporte pas de …. 
Mes pensées s’interrompent d’elles même. Je rencontre de nouveau le regard embuée par les larmes de ma sœur. 
Le voir ainsi, toute la journée, à toute heure, le supporterait elle ? J’ose espérer qu’elle ne le ferait pas. Comment ferait-elle du reste. Une décision s’impose à mon esprit. Je dois la protéger elle aussi, c’est que maman voudrait.
- Papa, je pense qu’il est préférable que nous reprenions l’école dès après-demain dis-je
Papa cesse un instant de regarder la route. Il est surpris. 
- Oui bien sûr mais si vous …. Commence-t-il
« Vous voulez rester à la maison avec moi » et te voir ivre toute la journée c’est ça papa ? je me mords la lèvre pour ne pas laisser échapper cette pensée et invente une fausse raison
-On ne peut pas se permettre de prendre du retard. Dis-je rapidement
- je pense que… commence ma sœur
Je sais ce qu’elle veut rester auprès de papa.
- Que j’ai raison, je sais feignant de ne pas avoir compris ce qu’elle allait dire je réplique
- Ce n’est pas… commence-t-elle à nouveau
- Ecoute, on en parlera plus tard, pour l’instant, il va falloir s’occuper des invités.de nouveau je l’interromps.
Ses yeux m’accusent encore durant tout le temps que nous passons avec les invités. Les entendre parler de maman, me dire combien c’était une femme bien, une femme qui faisait du bien autour d’elle… 
ca me fait mal de les entendre dire ça. J’ai privé toutes ces personnes auxquelles maman me faisaient du bien en ne la sauvant pas.
Papa n’a pas remarqué que je ne porte qu’un gant. Les autres ne font mine de rien, sans doute pense-t-il que je cherche « à rester dans le vent ». Cette main gantée me fait un mal de chien, pourquoi me suis-je enfoncé ce compas dans cette main ? Qu’est ce qui m’a pris ? Soudain, je vois que ma sœur la voit, cette main gantée. J’attends en sentant glisser en moi un espoir qu’elle comprenne mais rien, elle se détourne aussitôt.
Maman j’ai mal »
Tels sont les mots que mon frère a écrit. Je sentais encore la culpabilité, le remords me torturait. Je refermais le journal puis l’ouvrit, sautant les pages pour arriver à ce jour où il entendit qu’un gars près de son collège « des cachets bonheur ». tremblante, j’obligeais mes yeux à s’attacher de nouveau au pas de mon frère…..
« Comme je l’ai décidé, nous reprenons l’école aujourd’hui. Papa reste à la maison. Quand je pose mon regard sur lui, j’ai l’impression de voir un petit garçon. En prenant mon cartable, ce matin, le remords de le laisser seul me taraude mais je ne peux pas rester… Le parfum de maman est encore présent. Durant le trajet qui nous mène à l’école, ma sœur ne me parle pas. Elle marche devant moi. Elle ne me regarde pas. Elle marche de plus en plus vite, comme pour me semer. Je voudrais… Je voudrais lui expliquer pourquoi j’ai insisté pour reprendre les cours.
- Bon c’est bon t’es arrivé me marmonne-t-elle.
Je lève la tête surpris. 
Déjà le collège ?
Le temps de me rendre compte, ma sœur a déjà filé vers le lycée qui se trouve un peu plus loin. Je franchis la grille. Les regards sont sur moi. Je n’aime pas leur façon de me regarder. J’ai l’impression qu’ils essayent de me dépecer pour trouver un point faible, me rendre soumis à leurs moindres ragots. Je les déteste tous… les professeurs en m’interrogent pas en cours. Ils font comme si je n’existe pas. Je lève la main pour répondre à leurs questions mais il ne me voit pas. Maman, elle, elle m’aurait vu. Je les déteste aussi. Deux heures passent. L’heure de la récréation : dix minutes tant redouté où les faux « compatissants » viendront me parler, juste par devoir. Je les fuis. Je marche loin d’eux. Je dépasse le bâtiment. Enfin, un peu de solitude. Je n’en peux plus. Je pense à ce soir : dans quel état va-être papa ? Comment sera ma sœur ? Il faudra sans doute leur faire à manger. Mais pour faire à manger, il faudra aller dans la cuisine. Involontairement, mon corps se met à trembler. Je revois le corps de maman étalé parterre sur le froid.
- Je ne peux pas ! je m’exclame en me parlant à moi-même.
Une odeur de cigarette s’élève dans les airs. Je ne suis pas seul. Deux types s’approchent de moi.
- Dis donc t’as l’air d’être dans un sale état, mon gars dit le premier
- Normal, il a perdu sa mère réplique le second
- Oh, ça doit être dur à la maison reprend le premier
- Tout à supporter continue le second.
Ils parlent tous deux de moi sans s’adresser à moi. Alors que je suis sur le point de leur répondre de dégager, l’un deux balances sur mes genoux, une boite d’aspirine.
- Des cachets ? que veux-tu que j’en fasse ? je demande à celui qui me l’a donné.
- Eh coco, ce ne sont pas des cachets normaux, ce sont des « pilules bonheur » avec ça, tu te sentiras mieux… je t’en file une plaquette contre **** euros aujourd’hui si t’en veux d’autres, tu sais où nous trouver. Par contre, faudra payer….
J’accepte. Si ça peut m’aider à tenir pour le bien de la famille. Je paye le prix. Les cours filent. Je rentre à la maison tout en ayant cette peur que quelqu’un découvre ce que j’ai dans la poche de mon pantalon. Je balance mon cartable dans l’allée et enlève mes chaussures. Lorsque j’entre dans la cuisine pour faire le dîner, je marque un temps d’arrêt. Je vois maman qui s’affaire. Je la vois mettre son tablier. Je mets le tablier avec cette sensation que je viole son souvenir. Elle sort les ingrédients. Je sors les ingrédients. Je prends sa place, je gomme son fantôme. Je ne dois pas penser à ça. 
- Je ne dois pas penser à ça dis je tout bas en marmonnant
Ma sœur rentre. Je lui demande ce qu’elle veut manger. Elle ne sait pas, elle s’en fiche. Je fais à dîner, nous passons à table. Pas un mot, pas de conversation …
Maman tout est silencieux, trop silencieux….
Personne ne parle d’elle. Tout le monde semble vouloir t’oublier. Parce que je me sens sur le point de craquer, je sors ma « boite d’aspirine ». Aucun commentaire ni de papa, ni de ma sœur. Pendant un moment, j’ai espéré mais rien…. Le cachet descend dans ma gorge. Je dois attendre une quinzaine de minutes et je me sens mieux, même bien, léger comme un papillon….
Les semaines qui suivent, je me rends compte combien papa est devenu non seulement un petit garçon mais pas n’importe lequel, il est devenu mon fils et ma sœur est devenue ma fille. C’est une situation étrange, difficile à gérer, ça m’écrase, heureusement il y a mes « pilules ». Sans elle, je m’écroulerais…
Un soir, ma boite est vide. Des frissons, des tremblements, une fièvre que je qualifierais de mortel m’envahit. Je fuis ma sœur. Je dois me cacher avant qu’ils ne découvrent. Je suis sur mon lit, mon corps tout tremblant, 
Mes pilules, je vais mourir, il me les faut »
- Non ce n’est pas vrai m’exclamai-je.
Recroquevillée sur le lit de mon frère, je sentais les larmes pointaient. J’assistais au commencement de sa chute en me disant mais pourquoi ? Pourquoi n’avais-je rien vu ? Je comprenais ce que mon frère avait pu ressentir car je le ressentais en ce moment même jusqu’au tréfonds de mon âme. Les sentiments de mon frère, ses pensées, je les vivais. 
Si seulement…. Si seulement….. Pensai-je inlassablement tout en tenant serré contre mon ventre le journal qui me suppliait de continuer la lecture.
J’entendis la démarche titubante de papa. Il montait les escaliers. J’abandonnai un moment le journal. Je sortis en me disant que c’était à moi désormais de prendre soin de lui. Il était là prêt à tomber sur le palier. Je le rattrapai in extrémis. Je sentis son haleine lourde d’alcool.
-pourquoi…pourquoi sont-ils partis ? Tu peux me le dire ? Z’en avait marre de moi ? Bégaya mon père d’une voix pâteuse. 
Que répondre ? Sinon un…
- Mais non papa… ils en avaient pas marre… Ils étaient fatigués murmurai-je rapidement de peur d’entendre une voix, qui me narguait depuis un moment déjà, me dire :
« Tu mens, tu mens, tu sais bien comment vous étiez hein ? Tu le sais bien » 
- Toi aussi, tu me quitteras me lança mon père en s’affaissant sur le lit 
- Non papa, je ne te quitterais pas lui répondis-je.
A cet instant, je compris la souffrance de mon frère de constater que l’homme, qu’il avait pris pour modèle, s’enfonçait dans l’ivresse pour ne plus être qu’un vieil alcoolique.
On s’en sortira pensai-je je serais toujours là.
Mon cœur se serra d’angoisse. Y arriverai-je vraiment ? Aurais-je les nerfs assez solides pour supporter le poids de notre pourriture ? Très vite, je me forçais à éloigner ses pensées tout en songeant que mon frère avait du avoir les mêmes. Je repris la lecture du journal, les mains glacées par un manque de tendresse maternelle.
Maman … pensai-je.
La suite du journal relatait la rencontre avec Seb et leur bagarre. De nouveau, je me lançais à la poursuite du dos de mon frère :
« Je ne supporte plus l’ambiance qui règne à la maison, mes épaules s’écroulent. Combien de temps vais-je tenir le coup. Ah bénéfiques pilules, pilules mortelles, j’ai de plus en plus besoin de vous. Je fuis la maison pour aller retrouver votre étreinte glacée pour plonger dans une extase de quelques minutes. Je rentre de plus en plus tard chez moi pour ne pas donner à mon frère et à ma sœur un sujet d’inquiétude. Ils n’ont pas l’air de remarquer les poches sous mes yeux, la maigreur de mon corps. Je prie pour que quelqu’un vienne à me décharger de ma tâche. Si seulement ma sœur pouvait accorder un peu plus de temps à papa. Peut-être l’ai-je déjà dit sur une page de mon journal mais je me sens de plus en plus père de papa. Papa semble rajeunir, ça m’inquiète et pourtant le voir sourire me donne du baume au cœur.
Ma sœur a un petit ami, un certain Seb, fils de médecin. La première fois que je l’ai rencontré, j’ai pensé que c’était un type bien sur qui ma sœur pouvait compter. Ses épaules ont l’air bien solide ai-je pensé je vais donc pouvoir consacrer davantage de temps à papa. J’aimerais essayer de lui faire retrouver son statut de père. Le voit-il ? Je ne pense pas. Pour revenir à Seb, je pensais que je l’aimerais bien. Je crois que ce qui a déclenché la bagarre entre nous ce fut l’expression de son regard lorsqu’il croisa le mien. J’ai senti combien il passait du temps à me regarder. Lorsqu’il m’a suggéré d’aller voir le médecin, j’ai eu peur. Sais-t-il mon secret ? si je vais chez le médecin, tout sera découvert alors ne serait-ce pas la fin de notre famille ? Toutes ses pensées se bousculent dans ma tête. Jamais, personne ne doit découvrir. 
En fin d’après-midi, le copain de ma sœur est venu. 
- Tu cherches ma sœur ? lui ai-je demandé
- Non c’est à toi que je veux parler m’a-t-il
Il parle. Il me livre qu’il sait mon secret et en conclusion, il me dit :
- Tu devrais aller te faire soigner mais avant en parler à ton père.
En parler à mon père ? ce n’est pas ça qui m’a énervé mais la suite. Il conclue en disant :
- Enfin vu que ton père n’est pas en état et que ta sœur n’est qu’une fille égoïste….
Je n’ai jamais su la suite. Mon poing est parti puis un autre et encore un autre. Comment ose-t-il insulter mon père, insulter ma sœur ? Je le fiche dehors au moment même où ma sœur arrive.
- Famille de déjantée hurle-t-il dans la rue 
Je retourne à l’intérieur ma sœur me suit :
- Pourquoi ?! me demande-t-elle.
Lui dire la vérité pour voir son joli visage devenir pâle, crispée par la souffrance. Lui dire que son petit ami nous a insultés à cause de moi ? Lui dire que je suis furieux contre moi-même que je descends dans le gouffre sans espoir d’en sortir ?
- C’est un abruti. Lui dis-je
Elle insiste. Elle ne me lâche pas. Je sens le manque qui commence à envahir. La crise ne va pas tarder, il faut que je trouve mes pilules pour retrouver mon calme, ma raison. Je finis par retrouver mon portefeuille et file chez « mon ami ». Je la plante là en ayant le pressentiment que s’il y a rupture ce sera entièrement de ma faute. J’ai cassé le cœur de ma sœur »
La boule de la culpabilité qui me nouait la gorge grossissait de plus en plus au fur et à mesure de ma lecture.
Mon frère n’avait songé qu’à nous et nous nous n’avions songé qu’à nous même….
Les mots avaient du s’écouler facilement sur la feuille de papier, mon frère n’avait pas eu besoin de les chercher. Ils trahissaient tout le poids que nous étions pour lui , s’en rendait-il compte en écrivant tous ces mots ? 
« A peine rentré du collège, je remarque le dos vouté de papa, signe d’angoisse. Je n’ai pas besoin de le forcer à se confier. Je m’assois près de lui sur le canapé et il me livre alors le sujet de son inquiétude :
- C’est la crise, il y a des suppressions de postes…. me confie-t-il
Pas besoin qu’il en dise davantage, je devine qu’il craint pour sa place. … Je n’ose songer au futur si papa se retrouve au chômage. Ce n’est pas à son âge qu’il retrouvera aussi facilement du travail. Et s’ il devient chômeur, les factures s’accumuleront… Je tente de retrouver espoir pour le communiquer à papa. Je me souviens alors que du temps de maman, son patron était fier de lui c’est pourquoi je lui dis :
- Pourquoi t’inquiéter, papa, tu m’as dit que le patron avait fait des éloges de ton travail…
Papa rit mais d’un rire qui blesse avant de me dire :
-Oui mais c’était avant que ta mère….
Je retiens le soupir qui monte dans ma gorge. Je constate les effets de l’alcool sur papa, les effets de la perte de son épouse sur son visage. Papa est diminué physiquement mais aussi psychologiquement. On devine un homme qui a cessé de vouloir prendre des responsabilités, qui se laisse porter par le courant. Ce que les gens ne savent pas c’est l’identité de ce courant : moi. Si je n’étais pas là, il coulerait. Si le patron de papa se rend compte de la diminution de mon père alors papa sera mis à la poubelle. J’en frissonne en songeant combien de responsabilité en plus cela m’apporterait, comment je pourrais continuer à me procurer mes pilules pour tenir. Il me faudra alors travailler, des petits boulots et sans doute faire travailler ma sœur. Mais je crains qu’elle n’y parvienne. Ma sœur n’est pas une fille qui regarde la réalité, non elle est une charmante jeune fille qui a la tête dans les étoiles. Je ne dois pas la tracasser avec des soucis qui ne verront peut-être jamais le jour.
- Tu sais papa, je pense que… si tu essayais de te montrer performant, non pas d’un coup mais petit à petit alors je pense que tu pourrais garder ton poste. 
- Tu crois ? me dit-il en ayant les yeux qui s’illuminent d’espoir
- Oui…
Et je continue à l’encourager comme si il était écolier qui se retrouvait au bord de l’échec scolaire mais que si l’on encourage peut remonter parmi les élèves normaux. Mon père est ravi de constater mon soutien, de voir que j’ai encore confiance en lui. 
- Merci fiston, de m’avoir écouté me dit il en posant une main sur mon genoux.
- Mais c’est normal, papa.
- Tu sais ce que je vais faire ? Je vais me mettre à mon bureau et étudier le dossier d’un client qui doit passer demain.
- Bonne idée papa.
Papa me laisse. Je peux enfin lâcher le soupir que je gardais coincé dans la gorge. Il me faut maintenant aller voir ma sœur qui m’attend. Je monte les escaliers lentement pour prendre le temps de respirer à plein poumon. J’ouvre la porte, la voir ainsi les yeux baignés de larmes… 
Si j’avais ce Seb devant moi….
Mais je tais mes pensées de violence. Ce n’est pas ça qu’elle veut, c’est du réconfort et de l’espoir, je discute avec elle pendant un moment lorsque je la laisse, je sais qu’elle a accepté la rupture avec Seb, elle va pleurer puis passer à autre chose. En rentrant dans ma chambre, je prends un « cachet » pour mon mal de cœur. Les cachets me broient lentement la santé alors pourquoi je continue à en prendre ? 
Pour tenir maman et honorer la promesse que je t’ai faite… Je les sauverais, eux »
L’obscurité effaça complètement la lumière du jour accentuant le froid que j’éprouvais. Je me sentais glacée, ivre de souffrance. J’avais l’impression d’être fouettée jusqu’à l’évanouissement par les mots qui prenaient vie et devenaient des démons qui me punissaient. Quel droit avais-je eu d’être protégée ainsi ? Pourquoi n’étais-je pas morte à sa place ?
Oui c’est moi qui aurais du être précipité en enfer et pas lui….
L’avant dernière page du journal intime de mon frère retrace la visite du directeur de mon lycée à la maison :
« J’ai entendus parler de l’accès de violence de ma sœur envers son ex-petit ami, aussi ne me suis je pas de voir débarquer, à l’improviste ce soir là, le directeur de son lycée. Il demande aussitôt à parler à mon père. Il m’examine de la tête aux pieds. Son œil critique s’arrête sur ma pâleur, remarque les cernes sous mes yeux. Il sait que quelque chose cloche chez moi. Il sait mon secret, sans doute par l’ex-petit ami de ma sœur. Je l’invite à rentrer. Stupidement, je me sens honteux dans le tablier de maman, de servir mes deux affamés. Il mange à notre table. Après dîner, il ne laisse aucun échappatoire, ni à papa, ni à ma sœur qui déjà fuit vers sa chambre. IL parle de l’accès de violence de ma sœur, interroge pour savoir si tout va bien. Papa ne coopère pas, il se comporte comme un mauvais garnement qui n’attends qu’une seule chose : qu’on le laisse repartir. Le directeur finit par s’adresser à moi :
- Il parait que c’est toi qui gère tout dans cette famille non ?
Je sens un piège. Je me contente de répondre maladroitement :
- J’aide mon père, monsieur car c’est lui qui nous fournit de quoi payer à manger 
Et j’espère qu’il se taise, qu’il ne continue pas son interrogatoire. Je ne veux pas craquer. Je ne dois pas craquer.
- Et ce n’est pas dur pour toi ? me demande-t-il avec insistance
L’étau se ressert. Je respire mal. J’hésite une fraction de seconde. Je rêve de me confesser mais je ne peux pas. Je rêve de pouvoir me libérer de ses chaînes que je me suis passé mais je ne peux pas ; pourquoi ne comprends-t-il pas.
- Non monsieur…. Dis-je me sentant osciller entre le mensonge et la vérité puis rattrapé par le devoir, cette promesse faite sur le cadavre maman. 
Pitié ne m’interroger plus. Ne dites plus rien….
- J’ai entendu que tu…enfin…. Tu prenais des trucs pour….. Commence-t-il
Je me sens pâlir. Je bascule, prêt à me confesser et puis papa qui hurle :
- Mon fils ne se drogue pas
Ça coupe tout mon élan. Je crois qu’à ce moment là, je n’aurais jamais du regarder papa. Je vois ses yeux remplis de souffrance, de dégoût à la pensée d’avoir un fils qui « prend des trucs ». Il ne veut pas savoir. Ma bouche se remplit de sang, sans me rendre compte, je me suis mordu à la lèvre ravalant tout au fond de moi-même l’envie de me libérer de ce poids.
- Je n’ai pas dit cela mais…. Dis-moi la mort de ta mère ça…. Continue le directeur ignorant l’aveuglement de papa
En pensée, je vois une main qui se tend vers moi. Je crispe les poings pour ne pas la prendre, pour feindre de ne pas la voir. Je m’oblige à regarder ma sœur, que le chagrin enferme encore plus dans son monde.
- C’’est du passé monsieur, ça ne m’a rien fait dis je en essayant de raffermir ma voix qui se transforme en une espèce de murmure vaincu par le devoir.
- Vous savez, nous dit le directeur, je pense que votre famille a connu un choc…. Peut-être que si vous consultiez quelqu’un…
Et papa répond :
- Monsieur, je vous remercie de votre inquiétude mais tout va bien
Notre famille est lambeaux et moi… Moi, je commence à m’effriter. Le directeur est vaincu, il n’insiste pas. 
Si seulement il avait demandé à parler en privé avec moi alors peut-être que….
Le directeur s’en va. Je vois dans ses yeux qu’il se sent impuissant face aux dégâts causés par la mort de maman. Si papa n’avait pas été là, je lui aurais dit alors :
- Ne vous inquiétez pas monsieur, le directeur, c’est notre façon de fonctionner.
Après un moment de réflexion je me dis que cela n’aurait pas allégé son sentiment d’impuissance et d’inquiétude. 
- Mais qu’est ce qu’il croit … Débarquer ainsi chez les gens sans prévenir…. Bougonne mon père 
J’essai vainement de prendre la défense du directeur ce qui me vaut un nouvel éclat de papa :
- Tais-toi ! Il n’a aucune raison de se faire du souci ! Ta sœur a juste eu un coup de colère ! Toi, tu ne te drogues pas ! Tu as juste des maux de tête et d’ailleurs, tu devrais faire quelque chose pour les soigner avant qu’on répande d’autres rumeurs.
J’ai envie de rire, d’un rire que les gens extérieur qualifieraient de déments, moi je crois plutôt que ce serait un rire rempli de désespoir. Ah papa, entendre cette foie en moi, me donne envie de disparaître à des kilomètres sous terre. Papa, si un jour, tout est dévoilé, j’espère que tu me pardonneras. Et toi, ma sœur, j’espère que tu seras devenue assez forte pour faire tenir debout les ruines familiales. »
Sur la dernière page du journal intime, trois seuls petits mots que l’on pourrait qualifier d’adieux de mon frère :
« Je suis fatigué »
Trois mots qui me firent comprendre que *** était arrivé au bout du rouleau. Je me levais, me dirigeais vers les toilettes et vomis. C’était à moi maintenant de tenir pour papa. Je me fis la promesse de devenir la charpente qui le soutiendrais dans l'avenir....
FIN
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